Guérir ou la quête d'un objectif trop vague...
"Combattre c'est prendre le risque de se tromper, ne rien faire, c'est s'être déjà trompé !"
Victor Hugo
Je mentirais si je vous disais que tout va bien. Or je suis fatiguée de ces faux-semblants, fatiguée de mentir à tout le monde et avant tout à moi-même. Bien sûr je veux conserver cette vague d'optimisme et de pensée positive que j'ai déclenchée. Il n'en demeure pas moins que certains jours sont plus difficiles que d'autres. Au cours des journées ensoleillées on a tendance à oublier combien le chemin de la guérison est sinueux. Il est normal parfois de ne plus apercevoir le bout du tunnel, de ne plus voir cette lumière que l'on cherche désespérément à atteindre.
Oui c'est normal, c'est légitime d'avoir des moments où aller trouver l'énergie demande un peu plus d'efforts. Nous nous battons toutes et tous pour une chose : guérir ! Mais sait-on vraiment ce que l'on met derrière ce terme ? Pire encore, n'y mettons-nous pas chacun quelque chose de différent ? Et si nous prenions le problème à l'envers ? Je me rends compte que ce que je veux plus que tout c'est guérir quand je ne sais même pas vraiment ce que cela signifie ! Comme une personne atteinte d'anorexique qui souhaite désespérément maigrir sans savoir combien elle voudrait peser. Ce que j'essaie de traduire au travers de cette comparaison est qu'en se fixant un objectif aussi vague que "guérir" peut-être nous égarons-nous... Car ainsi rien de concret ou d'immuable ne se cache derrière ce terme. Par conséquent nous changeons d'objectif constamment sans prendre le temps de célébrer nos victoires. Pourtant elles sont nombreuses, dans chacune de nos vies. Je me souviens il y a quelques mois je ne passais pas une journée sans crise et vomissements. Aujourd'hui je considère comme un échec cuisant de criser. A quel moment ce changement s'est-il opéré ? Pourquoi devrais-je cesser de me réjouir de chaque victoire, aussi petite ou dérisoire puisse-t-elle sembler ? En bonne perfectionniste que je suis je veux, je dirais même j'exige, toujours mieux. Mais le mieux n'est-il pas l'ennemi du bien ?
Je veux être capable de célébrer chaque victoire, car elles le méritent. Et que ma déplorable estime de moi ne devrait pas me conduire à me flageller pour mes faux pas d'avantage qu'à me congratuler pour mes succès.
Et si, enfin, j'acceptais d'être fière de moi ? Si enfin je me persuadais que oui je vaux la peine, tout comme n'importe quel autre être vivant ? Si j'acceptais que certes les troubles sont encore présents mais que j'ai tout de même une part du chemin derrière moi.
