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On boxe comme on vit...


"La défaite est tellement plus intelligente. On pourrait passer sa vie à la méditer. C'est auprès d'elle que l'on puise ses vraies ressources, que l'on sublime ses revanches."

Jean Marie Rouart

Aujourd'hui, je n'ai pas vraiment envie de parler de boulimie. Tout d'abord parce qu'elle me vole suffisamment d'instants de vie comme cela. Et puis également parce que cette soirée de combat fut magique et que je veux mettre des mots sur ce que j'ai ressenti.

Tout commence aux alentours de 17h, la pesée a lieu dans une centre commercial. Inutile de vous le préciser, me peser à la vue de tous avec un présentateur qui annonce au micro mon nom et mon poids, c'est l'angoisse. Je monte sur la balance et ni une, ni deux l’entraîneur de mon adversaire vient vérifier que j'ai respecté ma part du contrat, c'est chose faite. Retour au gymnase, et mon frère arrive. Je suis aux anges de le voir là et m'empresse de le présenter à tout le monde ou du moins à tous ceux qui ne l'avaient jamais vu. L'attente commence. Mais pas une attente angoissante, où les yeux rivés sur la pendule, on regarde les minutes défiler. Pas une attente dans un silence pesant comme cela semble être le cas dans les autres clubs. Non, une attente version Ring Olympique Riomois, dans la bonne humeur, avec les mots d'humour d'un Gokdeniz qui nous suprend toujours ou les frasques des deux frères Erwan et Kilane. Le temps passe et vers 19h je quitte mon frère pour aller me changer. On nous distribue les repas et je commence à m'alimenter. Stéphane sécurise mon genou à grands renforts de strap. Il part vérifier le plateau, j'ai du temps devant moi, je ne combats qu'après l'entracte. Du moins c'est ce que je pensais. Je passe finalement 3e, fini le repas, je pars saluer en coup de vent ma famille et reviens terminer de me préparer. Les rituels débutent : je mets mes lentilles, puis mes bandes, je commence à mobiliser mes articulations. Gokdeniz gagne son assaut et Stéphane vient alors s'occuper de moi. Vaseline, pommade chauffante et ses mots glissés à l'oreille alors que je commence à monter dans les tours. Un combat de guerrière, voilà ce que je dois faire, enclencher la marche avant, lui marcher dessus, faire mal à chaque impact. On prend les pattes d'ours, les coups partent bien. Physiquement je me sens bien. Moralement, je suis impatiente, je veux en découdre. C'est à moi ! Elle me défie du regard quand l'arbitre nous donne ses consignes. Moi fidèle à mon habitude je regarde l'arbitre. Derniers conseils dans mon coin et c'est parti. Je mets la pression, n'attend pas, ne subis pas même si a posteriori je pense être restée trop timorée. A la minute de repos Stéphane me dit "c'est bon on y est" et m'encourage à ne pas relâcher la pression "elle est perdue quand tu l'emmènes dans les cordes". Alors je continue au second et au troisième round, je pilonne, je lui marche dessus. Il n'y a pas de fatigue, c'est dans la tête. Elle est plus fatiguée que moi je le sais, je le sens. Quand la cloche retentit, je retourne dans mon coin et le regard de Stéphane en dit long. "Victoire ou défaite je m'en fous, tu as été merveilleuse, tu as fait un super combat" me dit-il, "C'est clair désormais tu n'as plus rien à prouver". Je vois le sourire d'Erwan et je comprends. Elle est déclarée gagnante deux juges à un. J'accuse le coup je dois être honnête mais je croise le regard de Stéphane et il me dit "Pas de larmes, la tête haute !" Alors oui je sors de ce ring la tête haute et mesure ce que j'ai accomplis. J'ai tenu tête à une boxeuse de plus de 10 ans d'expérience. J'ai manqué de technique mais pas de courage. Les gens viennent un à un me féliciter, me dire que j'aurais du être donnée gagnante. Qu'importe, les enseignements tirés ce soir valent toutes les victoires. Ce samedi soir j'ai compris qu'on pouvait accepter la défaite et même être fière dans la défaite. J'ai compris que j'avais un avenir dans la boxe et j'ai vu que je pouvais relever tous les défis à force de caractère et de courage. J'ai remercié Stéphane pour sa confiance il m'a simplement répondu "je n'ai pas eu tort" en souriant. Ce samedi soir j'ai compris que la boxe me réservait encore de belles aventures, riches en émotions, entourée comme je le suis des meilleurs !

Et puis ce samedi soir, je me suis sentie vivante, j'ai savouré chaque instant sans penser à la boulimie ! Cela ne m'a donné qu'une envie, vivre encore plus de moments tels que celui ci !

Vivez, ne laissez pas la maladie gâcher ces moments précieux !

Ma vie, mon combat au quotidien...

Boulimique qui n'a plus envie de se cacher, avide de partager. Je publierai ici diverses choses de mes états d'âme du quotidien aux trucs et astuces qui peuvent m'être utiles. Parce que je sais que nous sommes nombreux à chercher un soutien, une épaule et qu'il est grand temps de se débarasser de cette honte qui nous réduit au silence. Je ferais au mieux pour vous apporter le soutien nécessaire au travers de cette aventure dont je ne suis moi même pas encore sortie...

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