Accepter la rechute comme pas supplémentaire vers la guérison.
- Camille Pages
- 8 avr. 2016
- 3 min de lecture

"Les défaites de la vie conduisent aux grandes victoires." Max Pol Fouchet
Dans la vie, dans les études, dans le sport, dans nos relations aux autres, dans le milieu professionnel, que celui qui n'a jamais connu la défaite me jette la première pierre ! Nous connaissons tous et toutes la défaite à un moment donné, ainsi elle revêt donc une importance minime. Ce qui importe, en revanche, ce qui fait la différence, c'est notre réaction face à elle. Pour nous, malades de TCA, la défaite est vicieuse car souffrant d'un manque cruel de confiance en soi, nous sommes capables de la voir partout ou presque. Cette bouchée supplémentaire, ce gâteau, cette purge, ce chiffre sur la balance. Bref tout ce que nous considérons, bien souvent à tort, comme des défaites, ne sont que des incidents de parcours, des moments où tout ne s'est pas déroulé exactement comme nous l'avions prévu. Mais essayez pour un instant de vous mettre à la place de quelqu'un qui n'est pas malade ? Croyez vous qu'il se déteste, se maudit parce qu'il a trop mangé ou parce qu'il est allé chercher le réconfort dans la nourriture ? Non. Ainsi le problème réside encore d'avantage dans notre considération de la défaite que dans notre réaction face à elle. En effet, dans la mesure où chaque petit tressaillement est vécu comme une défaite, cela devient très vite épuisant et nous enferme un peu plus dans cette prison qu'est le mépris de soi et le manque de la confiance en soi. Et combien, d'entre nous épuisé d'avoir tant "échoué" se sont trouvé une jour ou l'autre en position de dire Stop! C'est trop j'arrête de me battre. Un moment d'abattement après une crise est parfaitement légitime évidemment ce n'est pas là l'objet de mon propos. Cependant il faut cesser de croire qu'à chaque rechute nous repartons de zéro. Ce n'est pas le cas. Chaque rechute est différente et possède à n'en pas douter quelque chose de positif que nous pouvons exploiter. Peut-être ai-je un peu moins mangé ou un peu plus savouré, peut-être ai-je réussi à ne pas vomir, peut-être ai-je moins dévoré de ce que je mange d'habitude en cas de crise... Bref ce peut être aussi minime que "j'ai laissé une bouchée de ce biscuit" peu importe ! Ce qui compte c'est qu'en envisageant cette crise sous cet angle vous démarrez un schéma de pensée positif plutôt que focalisé sur vos erreurs. Et petit à petit cela va devenir une habitude. Chaque nouvelle rechute sera dès lors le moyen de mesurer le chemin parcouru. Les émotions, le ressenti, les sensations physiques sont autant de choses qui diffèrent d'une crise à l'autre et que j'en suis sûre vous pouvez exploiter ! La rechute est normale elle fait partie du processus de la guérison et elle ne symbolise en aucun cas le retour à la case départ. Bien trop souvent quand nous enchaînons les jours où notre alimentation ne pose pas de problème majeur alors nous avons l'impression que tout est derrière nous. C'est pourquoi bien souvent plus la période est longue avant la rechute plus celle ci est difficile à vivre ! Mais malheureusement cela signifie simplement que la maladie est encore là. Elle se joue de notre esprit, distord notre vision des choses dans un sens comme dans l'autre : le sentiment d'être guéri puis le sentiment que jamais nous n'en sortirons. Elle s'amuse avec nos émotions et c'est extrêmement douloureux. Il est temps d'accepter que la guérison sera longue et que peut-être ne signifie-t-elle pas l'arrêt complet des crises (car tout le monde en fait) mais simplement l'apprentissage de la vie avec ces crises que nous parviendrons à éloigner dans le temps.
Je vous souhaite un merveilleux week-end, soyez patients et indulgents avec vous même autant que vous l'êtes avec vos proches.
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