Cesser de se voiler la face ou prendre la réalité en pleine face...
- Camille Pages
- 5 avr. 2016
- 2 min de lecture
"je me connais seulement tel que je m'apparais à moi même. La conscience de soi même n'est donc pas encore, il s'en faut une connaissance de soi même"
Kant
Sur le chemin qui mène à la guérison, la réflexion prend, chez moi, une part très importante. Réfléchir à mes comportements, à leurs causes, leurs conséquences. Tenter de décortiquer les schémas de pensée qui sont ancrés dans mon esprit, tenter de porter un regard objectif. Analyser, décortiquer. Essayer de séparer tant bien que mal la vérité de ce que la maladie a implanté dans mon cerveau. Et parfois oui, cela est douloureux car il faut faire face à une réalité que l'on ne souhaite pas vraiment voir. Pour ma part deux constats ces derniers jours. Le premier est le suivant : je suis bel et bien en train d'évoluer. Mes comportements, mes émotions face aux crises changent. Mais par dessus tout c'est mon regard qui évoluent. J'arrive désormais à comprendre le déroulement de mes crises, pourquoi je les pousse toujours aussi loin. C'est bien simple en réalité, tant que la crise n'est pas terminée, tant que je mange, je n'ai pas à faire face à toutes ces sensations qui je le sais vont être extrêmement désagréables. En clair tant qu'elle n'est pas terminée, je n'ai pas à y faire face, je peux me cacher encore un peu avec une bouchée supplémentaire, puis une autre et encore une autre... Jusqu'à ce que l'inconfort physique, la nausée prenne le dessus. Dès lors je ne peux tolérer ces sensations et terrorisée par la peur de grossir, motiver par une volonté d'effacer ce qui s'est produit, je vomis. Je ne parviens pas encore à ne pas vomir mais j'y travaille. De même je ne suis pas encore clairement sûre du ou des déclencheur(s) des crises.
Un autre constat que je dois faire c'est que je suis bien plus engluée dans la restriction cognitive que je ne veux bien l'avouer ! Je suis en anorexie mentale en réalité. La culpabilité est grande à la simple pensée de certains aliments. De même je peux faire une véritable crise de panique si je me retrouve contrainte de manger des aliments envisagés comme interdits, crises qui finissent par une absence totale d'alimentation. De même je suis invitée à dîner samedi et à la simple évocation du menu : Lasagnes et tiramisu : véritable montée d'angoisse ! Tu vas grossir, me dit cette voix, tu n'as pas le droit de manger ces aliments ! Sans même m'en rendre compte j'étais déjà en train de chercher un prétexte pour pouvoir annuler le dîner ! Il est important que je travaille sur ce point mais après tout peut-être est-ce un pas important sur le chemin de la guérison que de prendre pleinement conscience de l'ampleur de son trouble.
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