La solitude, cet ennemi invisible...
"La solitude n'est pas l'absence de compagnie, mais le moment où notre âme est libre de converser avec nous et de nous aider à décider de nos vies."
Paulo Coelho
Les personnes boulimiques font quasi exclusivement leurs crises quand elles sont seules. En effet ainsi elles n'ont pas à subir le regard des autres et peuvent librement laisser aller leur compulsion et au besoin irrépressible de purge qui s'en suit le plus souvent. Ce comportement recèle quelque chose de vicieux, en ce qu'il nous isole encore plus des gens qui nous entourent. Un peu comme si nous attendions presque avec impatience de pouvoir être seul et faire une crise. L'isolement ne fait alors que s'intensifier et la honte qui suit les crises nous pousse à sortir toujours moins... Vous reconnaissez-vous dans ce que je viens de décrire ?
Et si en fait nous prenions le problème dans le mauvais sens ? Et si nous ne recherchions pas la solitude pour pouvoir manger mais en réalité nous la redoutions tellement qu'elle nous pousse à la crise ? Et si la solitude était une source d'angoisse telle que nous ne puissions faire face ? La perspective d'un moment seul avec nous même, dans un appartement vide nous terrifie et nous comblons ce vide par une compulsion. Nous remplaçons l'inconfort émotionnel par un inconfort physique, plus familier, moins anxiogène et plus facilement maîtrisable.
Se retrouver seul, le soir ou à tout autre moment de la journée nous met face à nous même. Or la plupart des personnes souffrant de boulimie n'est pas un modèle de confiance en soi. Dès lors, cela revient à devoir se retrouver en compagnie de quelqu'un que nous n'aimons pas. En temps normal, s'il s'agissait d'un tiers nous fuirions simplement cette situation, mais lorsqu'il s'agit de soi la fuite au sens physique du terme est impossible. Alors nous choisissons une forte de fuite émotionelle. La solution résiderait-elle dans le fait de minimiser ces moments de solitude ? Non, je ne le crois pas et ce pour deux raisons principales. Tout d'abord il est impossible d'éviter la solitude en permanence, il y aura toujours un moment où vous vous retrouverez seuls face à vous même et dès lors n'ayant travaillé que sur les circonstances des crises et non sur leurs racines, vous vous retrouverez au coeur des mêmes tourments. Ensuite, même si parfois douloureuse et inconfortable, l'introspection est pour moi nécessaire. Nous sommes tous conscients que les causes de la boulimie sont émotionnelles et pour la plupart probablement enfouies dans notre passé, aussi aucun outil autre que l'introspection, la réflexion sur soi ne nous permettra d'avancer durablement.
Alors voilà , pour faire écho à ce que je disais dans un article précédent, ces derniers jours j'ai fait des crises mais plutôt que de les enterrer dans un coin de ma tête j'ai tenté de m'en servir et en suis arrivée à la conclusion suivante : j'ai un très gros problème de gestion de ma solitude.
Si comme moi, vous souffrez de ce problème alors je vous invite à faire la chose suivante : dressons une liste de 50 choses que nous aimons faire et que nous pouvons faire seul. Ce doit être autant que possible des actes n'impliquant que nous. Cette liste a deux vocations. Premièrement nous prouver objectivement que nous pouvons apprécier notre temps seuls et deuxièmement nous aider à gérer les moments de solitude qui vont se présenter face à nous. Je vous invite à poster vos idées en commentaires ou bien à mes les envoyer par mail. Pour ma part je travaille sur ma liste et vous la communiquerai dans un prochain billet, qui sait, peut-être vous inspirera-t-elle ?
