Hier j'ai mangé une crème brulée...

"On ne s'aperçoit pas toujours que l'on parcourt chaque jour un nouveau chemin."

Paulo Coelho

Hier j'ai mangé une crème brûlée et aujourd'hui, je me suis autorisée un muffin. Voilà une phrase qui peut sembler banale et dénuée de tout interêt pour toute personne ayant un rapport sain à la nourriture. En revanche pour toute personne entrenant une relation conflictuelle avec l'alimentation, qu'il s'agisse d'anorexie mentale ou de boulimie, cette phrase aura une signification majeure. En effet l'une des caractéristiques principales des troubles du comportement alimentaire est un contrôle excessif de tout ce que l'on ingère. Bien souvent pour compenser une crise ou par peur maladive de prendre du poids, la personne boulimique s'interdit tous les aliments gras ou sucrés. C'est un schéma de pensée classique. On pense que l'on va faire cesser ses crises en exerçant un contrôle strict sur tout ce que nous avalons. Et c'est le contraire qui arrive. Le contrôle excessif de notre alimentation a deux conséquences principales :

- la restriction cognitive sur laquelle je reviendrai plus bas

- la frustration.

La frustration a généralement l'effet désastreux de mener à la prochaine crise. Evidemment les crises sont liées àà nos émotions, celles que nous ne savons pas comment gérer si bien que nous les faisons taire avec de la nourriture. Il n'en demeure pas moins que nombre d'entre nous ont souvent le raisonnement "foutu pour foutu..." Nous nous disons que dès demain nous mangerons sainement, fini les sucreries et les aliments gras, du coup autant en engloutir un maximum tant que nous pouvons n'est-ce pas ? Un mangeur dit naturellement régulé quant à lui va s'autoriser une douceur pour se réconforter mais ne se gavera pas puisque demain il aura encore la possibilité de se faire plaisir. Prenons l'exemple du Dr.Zermati (dont je parlerai dans un prochain billet) de la malette d'argent. Deux situations : dans la première une malette de billet est mise à votre disposition et on vous dit de prendre ce que vous souhaitez mais que la malette sera retirée le soir. Bien sûr tout le monde s'accorde à dire que dans ce cas là nous emporterions l'intégralité du contenu. Deuxième cas : face à la même malette on vous dit de prendre ce que vous souhaitez et que l'argent sera toujours disponible le lendemain, ce que vous avez pris ayant même été remplacé. Dans ce cas il n'est pas illogique de ne prendre chaque jour que ce dont on a besoin. Certains jours nous prendrons beaucoup et d'autres peut-être rien. C'est le même genre de différence qui apparaît entre une personne normalement régulée et une personne souffrant de TCA.

Tout ceci est en partie liée à la restriction cognitive dont je faisais mention plus haut. Souffrant de TCA j'ai bien longtemps voulu exercer un contrôle absolu sur mon alimentation. Je faisais trois repas par jour et ne mangeais que des aliments sains. Bref je suivais à la lettre toutes les recommendations en vigueur. Pourtant les crises d'hyperphagie ne cessaient pas. Après avoir consulté la psychiatre en charge d'une unité d'addictologie je me suis rendue compte que pour sacrifier à des règles dont on nous parle depuis fort longtemps, je mangeais alors même que je n'avais pas faim parfois. J'avais complètement perdu le contact avec mes sensations de faim et de satiété. Depuis peu je tente de renouer ce lien. Bien sûr c'est compliqué, bien sûr je fais encore des crises mais j'essaie et avance lentement sur le chemin me menant à la guérison.

Je reviendrai plus longuement sur ces sujets dans des billets à venir mais voilà mon conseil pour aujourd'hui : ne mangez que lorsque vous avez faim et mangez ce dont vous avez envie car votre envie n'est en réalité que le reflet des besoins de votre organisme. Et tentez de prêter attention à vos sensations alimentaires afin de vous arrêter lorsque vous n'avez plus faim. Mais surtout ne vous privez pas !

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